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اقتصاد Quel « New Deal » pour l’Afrique en période de récession ? Par Mohsen Hassen

نشر في  18 ماي 2021  (12:44)

Par Mohsen Hassen

En 2020, l’Afrique a connu, pour la première fois en 25 ans, une récession économique de 2,6 % contre une prévision initiale de 4%, sur le plan sanitaire, avec environ 5 % des contaminations dans le monde et 130 000 morts au total, il est relativement résilient par rapport au reste du monde.

L’idée du « Sommet sur le financement des économies africaines » est poussé par le Président Français Emmanuel Macron et le G20. Elle vise à mettre en place un « cadre commun » pour restructurer la dette de certains pays pauvres en Afrique, impliquant les créanciers privés et la Chine.

Emmanuel Macron a appelé à préparer « un New Deal » pour aider les pays africains à surmonter le « ralentissement très fort » de leurs économies depuis la crise du Covid-19 en assurant l’annulation partielle de leur dette extérieure et l’injection massive de liquidités

En quoi consiste ce « New Deal »

Ce New deal consiste à ré-allouer vers l’Afrique des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI qui pourrait concerner 34 milliards de dollars et une annulation des dettes africaines. Ce qui permettrait de dégager des ressources dont ces pays ont un besoin impérieux pour combattre la pandémie en Afrique.

Droits de tirages spéciaux : fournir des liquidités et compléter les réserves officielles

Les plans de relance pour faire face à la récession due à la crise du Covid-19 se comptent en centaines de milliards d’euros. Les pays européens devraient en effet tous bénéficier du soutien financier de 750 milliards d’euros. Pour les Etats-Unis, les fonds qui seront utiles pour redresser l’économie qui affronte une sévère récession sont de l’ordre de 3000 milliards de dollars.

Pour l’Afrique, l’Union africaine a créé un fonds de lutte contre la pandémie. Elle a fait appel à la solidarité pour réunir 100 milliards de dollars pour faire face à ses conséquences économiques. Avec une baisse importante d’activité touchant notamment la restauration, la filière du tourisme et le secteur de l’événementiel, tous les pays ont adopté des mesures financières pour aider les entreprises à tenir le choc.

Malgré tous ces efforts, le chômage a explosé : l’Union africaine a estimé à environ 20 millions le nombre d’emplois menacés en Afrique. D’après la Commission économique pour l’Afrique, au moins 27 millions de personnes vont basculer dans l’extrême pauvreté à cause du Covid-19.

Le Sommet sur les économies africaines du 18 mai se penchera sur une injection massive de liquidités à l’aide d’une réallocation des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI qui pourrait concerner 34 milliards de dollars.

Le DTS est un avoir de réserve international créé en 1969 par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres. À ce jour, 204,2 milliards de DTS (soit environ 293 milliards de dollars) ont été alloués aux pays membres, y compris les 182,6 milliards de DTS alloués en 2009 au lendemain de la crise financière mondiale. La valeur du DTS repose sur un panier de cinq monnaies : le dollar des États-Unis, l’euro, le renminbi chinois, le yen japonais et la livre sterling.

« Les plans de relance pour faire face à la récession due à la crise du Covid-19 se comptent en centaines de milliards d’euros »

Les allocations de DTS peuvent être utiles pour fournir des liquidités et compléter les réserves officielles des pays membres, comme ce fut le cas lors de la crise financière mondiale.

Autrement dit, les DTS peuvent être échangés entre les pays en contrepartie de liquidités ou d’espèces. Ils peuvent également être utilisés pour rembourser la dette d’un pays.

Ce projet est largement partagé par de hautes personnalités politiques internationales et par des pays à l’exception des USA qui se montrent méfiants à l’égard d’un système international de valeurs qui ferait concurrence au dollar .

Le grand enjeu désormais est de savoir quels montants de DTS devraient être émis, pour atteindre les objectifs recherchés. Il y a quelque peu, le président français Emmanuel Macron a parlé de 500 milliards $, avec des pays riches qui renonceraient à leurs parts, au profit des pays pauvres.

Cette assistance du FMI à travers l’émission de DTS permettra le renforcement des avoirs extérieurs des banques centrales africaines. Elle, peut être prise en charge par les banques centrales telles que la FED, la BCE, la Banque centrale du Japon, la Banque centrale de Chine décidées à appuyer les Etats africains pour juguler cette crise du Covid-19.

L’annulation de la dette : le dernier recours

La crise du Covid -19 a un effet accélérateur sur le débat de la dette des pays africains estimée à 365 milliards de dollars. Le Sommet sur les économies africaines se penchera sur une annulation partielle et conditionnée de cette dette.

Les pays membres du G20 ont annoncé la mise en place, à la date du 13 novembre 2020, d’un cadre commun permettant une restructuration de la dette africaine, à la suite de l’insuffisance du moratoire sur celle-ci en avril 2020.

Cette démarche sollicitera pour la première fois des créanciers publics et privés ainsi que certains pays non-membres du Club de Paris, comme la Chine considérée la première créancière du continent africain avec un encours de 145 milliards de dollars accumulé entre 2000 et 2018 et représentant 40% du stock de la dette africaine

La crise du Covid -19 a un effet accélérateur sur le débat de la dette des pays africains estimée à 365 milliards de dollars.

Cette initiative de dernier recours se déroule avec le plan PPTE (Pays pauvres trop endettés) en 4 étapes particulièrement exigeantes et complexes.

Tout d’abord, le pays qui sollicite une aide au titre de cette initiative doit mener, en général pendant 3 ans, des politiques économiques approuvées par le FMI et la Banque mondiale, sous forme de programmes d’ajustement. Il continue alors à recevoir l’aide classique de tous les bailleurs de fonds concernés.

Pendant ce temps, il doit adopter un document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), parfois juste sous une forme intérimaire, et avoir obtenu des résultats dans l’application de cette stratégie pendant au moins un an.

À la fin de ces 3 années, arrive le point de décision : le FMI analyse le caractère soutenable ou non de l’endettement du pays candidat. Si le pays est déclaré admissible, il bénéficie de premiers allègements de la part des États créanciers et des banques privées, et doit poursuivre avec les politiques agréées par le FMI et la Banque mondiale.

Et Quid de la Tunisie dans tout ça ?

La crise de Covid-19 a fortement affecté l’économie tunisienne, très dépendante de l’Europe. Le PIB réel a diminué de 8,8 % en 2020, après avoir augmenté de 1 % l’année précédente. Et ce en raison de la baisse générale de l’activité économique.

Le déficit budgétaire a augmenté à 11 % du PIB, contre 3,5 % l’année précédente à cause de l’augmentation importante des dépenses en lien avec la pandémie combinée à la diminution des recettes.

Après avoir affiché un déficit de 8,5 % en 2019, le déficit de la balance courante s’est stabilisé à 8,1 % en 2020, en raison de la baisse des importations. La dette publique tunisienne, dont 70 % est une dette extérieure, atteindra 100 % du PIB en 2021, poursuivant son inquiétante tendance à la hausse.

Les difficultés financières des institutions et entreprises publiques sont une autre source d’inquiétude. À la fin 2019, la dette des entreprises publiques représentait 13 % du PIB.

Pour la première composante du New Deal, il est évident qu’une allocation de DTS bénéficierait à tous les pays membres du FMI dont la Tunisie. Elle favoriserait la reprise de l’économie tunisienne après la crise de la Covid-19.

« La dette publique tunisienne, dont 70 % est une dette extérieure, atteindra 100 % du PIB en 2021 »

À cet effet, ce mécanisme fournirait des liquidités supplémentaires à notre pays. Ce qui est en mesure de réduire les pressions budgétaires. Il permettrait d’augmenter la soutenabilité de notre dette extérieure.

Pour l’annulation de la dette publique, le mécanisme PPTE, comme proposition de résolution de la crise économique et financière en Tunisie présente des limites. Elle ne garantit pas la soutenabilité du niveau de l’endettement du pays.

L’agence de notation Standard & Poor’s a publié une étude intitulée : « La résurgence des risques sur le remboursement de la dette en Afrique subsaharienne suggère un échec de l’initiative PPTE » qui confirme la résurgence des risques sur le remboursement de la dette en Afrique subsaharienne et l’échec de l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).

La meilleure stratégie de sortie de crise économique et financière en Tunisie consiste à implémenter les grandes réformes économiques et financières, avec l’assistance et l’accompagnement des institutions financières internationales. Et ce afin de dégager suffisamment de ressources propres et réduire la dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds étrangers.

Les réformes structurelles préconisées sont en mesure d’accélérer la reprise, de réduire les inégalités de revenus et de stimuler la croissance.

Source: L'économiste maghrébin